Le célèbre milliardaire était présent à la villette ce samedi 28 novembre, pour donner une conférence sur Canonical et sur sa vision du développement d’Ubuntu. Je ne pouvais bien sur pas rater pareil événement. Voici un petit résumé de cette soirée que je ne suis pas prêt d’oublier. Arrivée à la villette vers 18h. Des affiches Ubuntu party sont collées partout. Je descend au -1, il y a l’air d’avoir du monde la dedans… Je croise pas mal de gens qui se dirigent vers la sortie (installations terminés ?) et d’autres (avec tee shirt ubuntu-fr) qui prennent la direction d’un gigantesque hall. Je décide bien de les suivre. Nous arrivons devant une grande porte gardée par une dizaine de membre de l’association.
Le doute surgit… Est-ce bien une entrée « publique » ? Vais-je pouvoir passer ? Je suis le mouvement, personne ne me dit rien. Nous arrivons directement devant l’estrade, ou une conférence est déjà en cours. Beaucoup de monde dans cette salle, il n’y a pas de places assises pour tout le monde… Mais que vois-je ? Une chaise qui semble vide, juste au milieu et au deuxième rang ! L’endroit idéal pour prendre des photos… Il y a bien un vêtement dessus mais… J’y vais au culot, et je me retrouve donc parfaitement situé pour assister à la suite des événements. Il est temps de regarder ce qui se passe sur scène. Deux personnes parlent de firefox. Mais… Je les ai déjà vu ces deux la ! Mais oui, ils avaient présenté le dernier 101% sur Nolife ! Mon cerveau se met en route… Je ne retrouve pas leur nom tout de suite mais je sais déjà que j’ai affaire au directeur « Europe » de Mozilla, et à l’un des développeur de firefox (1).
Tristan Nitot, directeur pour l’Europe chez Mozilla
Si le premier tente de pouvoir être compris pas le plus grand nombre lorsqu’il explique à quel point il est important de pouvoir « bidouiller » un logiciel (en donnant des exemples d’extensions toute plus utiles les unes que les autres), ce n’est pas le cas de son collègue qui mitraille l’assistance de termes techniques.
Paul rouger, en train de jouer avec sa wiimote…
Petit coup d’oeil en arrière.. Ok, il dois bien y avoir 95% de pures geeks dans cette salle. En tout cas ils ont bien tous la tête de l’emploi (moi y compris bien évidement).
Pour illustrer ce que peut donner le bidouillage, Paul se lance dans une démonstration de ce que peuvent donner 20 lignes de code « juste des fonctions de librairies déjà existantes dont on re-dirige le résultats dans d’autres qui… » Au final cela donne un contrôle de gnome à la wiimote plutôt impressionnant. (les fenêtres pivotent, zoom d’avant en arrière etc, en suivant le mouvement de la wiimote). L’assistance est conquise et les applaudissements nombreux.
On arrive à la fin de leur présentation. Une nouvelle personne prend le micro. Celle la ne me dit rien… Oups, il parle en anglais. C’est vrai.. j’avais lu qu’un mécanisme de traduction était disponible, mais cela m’était complètement sorti de l’esprit. Heureusement son anglais est… LIMPIDE. Je veux dire… Sans fausse modestie je me débrouille plutôt correctement, et je n’ai habituellement aucun problème pour comprendre ce que l’on me raconte dans cette langue. Mais même si le sens m’échappe rarement, il y a toujours parfois un mot ou une expression que l’on ne saisi pas (surtout quand ça vient d’un américain en fait…) Mais alors la… Chaque mot était prononcé aussi clairement que si il avait été prof d’anglais pour une classe de 6ème. Un vrai bonheur. Dans la salle tout le monde l’applaudit chaleureusement. Bon que dit-il…
D’abord il s’excuse de ne pas pouvoir s’exprimer correctement en français. (Et même, que « son français est si mauvais qu’il doit s’excuser en anglais ! ») ensuite que : « Le destinataire légitime de ces applaudissement est l’association ubuntu-fr, pour le travail formidable accompli, blablabla… » Ok, rigolo et modeste, ça part bien.
Petit à petit je réalise qu’il n’y a plus de doute possible… C’est vraiment lui !? Ce gars la, en jean et tee shirt (Et encore, le genre de tee shirt que moi je met pour aller au boulot…), ce gars la est milliardaire !!? Une partie de moi refuse d’y croire. Ca ne colle pas… Il nous parle comme à ses meilleurs potes, à l’air de maîtriser linux mieux que moi (2)… C’est juste impossible d’imaginer qu’il a pu financer la construction d’un vaisseau spatial ou aller passer 10 jours dans la station russe ou…
Et pourtant… Pourtant, toujours avec une grande modestie, on comprend dans ses réponses que oui, il a fait le tour du monde (et même au delà…) Imaginer tout ce que cet homme a le pouvoir de faire, et avoir sous les yeux la preuve qu’il est resté aussi « normal » que n’importe quel geek qui se respecte, était tout simplement fascinant. Je buvais ses paroles, comme je l’avais fait lors d’une conférence de Stallman himself lorsque il était venu à paris. A ce sujet, vous devez vous demander ce qu’il nous à raconté. Je n’ai pris aucune note, et je vais donc avoir beaucoup de mal à me souvenir de tout… mais voila les points qui m’ont le plus marqué :
- L’importance de se fixer des objectifs en terme de temps pour la sortie d’une nouvelle version, et pas en terme de fonctionnalité.
(Grosse différence avec Debian). Je ne vais pas pouvoir résumer ici tous ces arguments, mais je vous assure qu’ils étaient nombreux et plein de bon sens. Il m’a vraiment convaincu de l’intérêt d’une telle démarche (alors que, devant le nombre de problèmes que cela entraîne parfois pour l’utilisateur final, j’étais un peu perplexe à ce sujet). L’idée générale est de rendre le développement le plus dynamique possible.
- L’importance du design (ergonomie etc).
Il a lourdement insisté sur le fait que désigner une interface graphique par exemple est un métier complètement à part, qu’un bon désigner ne sera pas forcément un bon coder et inversement. Il veut se concentrer sur ce que veut l’utilisateur final, pas sur ce que souhaite implémenter le développeur. Mais il n’oppose pas les uns et les autres, et donne des exemples ou le souhait des utilisateurs peut produire des challenges intéressants pour le développeur… Car il faut alors développer des fonctions auquel le codeur n’aurait pas forcément songé.
- L’importance de la qualité.
Cette notion semble prendre une importance de plus en plus grande pour canonical. Il a donné l’exemple de leur labo et, chez eux, maintenant, se passe comme ça : Chaque programme est capable de « s’auto tester ». (vérifier le bon retour de chaque fonction qu’il peut appeler etc.). Lorsqu’un développeur veut effectuer un changement dans le code (commit du trunk), il envoi les modifications à une machine qui automatiquement repasse l’ensemble des tests. Les modifications ne sont validées que si les tests sont OK. Pour le moment, seul le trunk est ainsi mis à jour. Mais ce qu’il veut c’est généraliser le principe, et automatiser également la production de paquet « up-to-date », afin de permettre au plus grand nombre (utilisateurs finaux non techniciens) de tester les toutes dernières versions des logiciels (version en cours de développement donc), avec une sécurité suffisante. (On sait au moins que toutes les fonctions de base qui fonctionnaient avant continuent de fonctionner). Bref, on pourrait, en tant qu’utilisateur final donc, indiquer pour quels programme on veut être toujours parfaitement à jour. Et tous les matins, notre machine installerai la version de développement du jour J. Bien sur, un rapport sera généré automatiquement en cas de soucis et permettra aux développeurs de mieux situer ou et quand à été introduit une régression.
Notez la version sur le tee-shirt…
Au bout d’une bonne heure (que je n’ai absolument pas vu passer) la conférence s’achève et il commence à répondre aux nombreuses questions. Réponses souvent rigolotes et toujours pleines de bon sens. Quand je pense que beaucoup de gagnants au loto, avec un simple million ridicule, pètent totalement les plombs… Comment peut il se comporter aussi normalement, aussi sympathiquement avec des milliards en poche ? Je vous invite vraiment à lire sa page wikipédia, ou mieux encore une interview qu’il à donné à cette url : http://www.equilibres.ch/spip/spip.php?article37
Extraits : « Je suis milliardaire, célibataire, ex-cosmonaute. La vie pourrait difficilement être plus belle pour moi. Être un fondu de Linux rétablit une sorte d’équilibre.» Et « Après la vente de la société, il ne s’agissait pas de se vautrer sur des yachts avec des bimbos »…
Je ne sais pas si c’est son coté « geek » qui l’a sauvé mais… A mon avis ça n’y est pas étranger. Franchement avec une réserve d’argent illimitée, vous continueriez à prendre le métro ou à aller tous les jours au boulot vous ? Je sais parfaitement que ce serait la meilleure chose à faire lui mais… Il dois falloir avoir une conscience morale en béton armé pour résister à l’envi de se laisser aller.
Bref, la conférence s’achèvera avec la montée sur scène de tous les membres présents de l’association Ubuntu-fr (et même si je n’ai pas assisté a l’install party etc, il est évident qu’ils ont effectivement fait un super boulot). J’ai pu rapidement les prendre en photo avant de devoir me sauver.
PS : Vous vous demander si je suis jaloux hein ? Et bien objectivement… oui. Mais en fait, il n’y a qu’une chose que je lui envie vraiment. Il dispose chez lui d’une ligne en fibre optique à 1Gb/s (forcement dans les deux sens). Rhaa… 100 Mo/s garanti sur une ligne privée. Et ça, c’est ce que j’appelle vivre 🙂
(1) Il s’agit de Tristan Nitot, et Paul Rouger. (Attention, il y a une faute de frappe sur les pages du programme de la villette…)
(2) En réalité il était contributeur pour debian au milieu des années 90. Donc oui, il programme et connais Linux bien mieux que moi.