Oldelaf : Qui est ce ?
Pour ceux qui seraient totalement passés à côté de titres comme Raoul mon Pitbull, le café, la tristitude et beaucoup d’autres, je dirais simplement qu’Oldelaf est depuis plusieurs années l’un de mes chanteur préféré. Son répertoire est incroyablement varié. Tous les styles musicaux y sont représentés. Si certains de ses textes sont vraiment émouvants (le sparadrap, les mains froides…), d’autres sont au contraires très drôles (Ker chansonec, Le crépi…) D’autres encore sont plus critiques (Le monde est beau, Trahis…). D’ailleurs, dans la même veine que « Trahis », le clip « J’aime les bêtes » vaut aussi le coup d’œil ! Enfin, on trouve de véritables omni (objets musicaux non identifiés) comme « 4 heures ».
Ok, chacun ses goûts, et donc ?
Et donc hier, samedi 22 septembre, a eu lieu la projection privée de son dernier DVD. Étaient invitées une cinquantaine de personnes. Celles et ceux qui avaient donné au moins 85€ pour la réalisation de ce DVD. Bien sûr, cette somme donnait aussi le droit de repartir avec le DVD, et pleins d’autres goodies (j’y reviendrai). Toujours est-il que j’ai profité de cette rencontre pour lui poser la question qui tue (enfin, qui est censée tuer les artistes) : Son avis sur le téléchargement.
Alors Oldelaf, pour ou contre le téléchargement ?
Je choisis mes mots avec soin pour lui poser la question de la façon la plus neutre possible, et ne pas influencer sa réponse. J’ignore si j’ai réussi, mais Il hésite quelques secondes avant de répondre.
Il commence par m’expliquer que si chaque téléchargement de ses chansons avait été payé, il serait aujourd’hui millionnaire. D’un autre coté, il sait aussi que si ces téléchargements gratuits n’avaient pas été possible, si les paiements avaient été obligatoires, et bien il serait en réalité plus probablement… rien du tout. Pour lui c’est clair, c’est Internet et la large diffusion de sa musique qui lui a permis de passer pro. Il continue en m’expliquant que ce qui compte ce sont plutôt les concerts, et qu’ils font vraiment des efforts de ce côté là…
Là, je me permets d’ouvrir une petite parenthèse. Ayant eu la chance de pouvoir assister à la majorité des concerts qu’il a donné, je ne peux que confirmer. Jamais, au grand jamais on a eu le sentiment d’avoir perdu notre temps ou notre argent. Chaque concert a toujours été un vrai moment de bonheur particulier. Particulier dans la mesure où il était unique. Que ce soit certaines paroles modifiées pour coller à l’actualité, des blagues un peu différentes, des invités surprise ou autre, il y a clairement une énorme différence entre assister à un concert d’Oldelaf et écouter un de ses CD. Je referme la parenthèse.
Il reprend : Si tu me poses la question « pour ou contre le téléchargement », c’est comme si tu me demandes « Pour ou contre la pluie ». Ca n’a pas se sens. S’il pleut et bien il pleut. C’est un fait. Il faut faire avec, et en profiter si possible. Il me raconte alors un truc incroyable. Dailymotion a passé des accords avec la Sacem, pour que les « pros » puissent diffuser leurs œuvres et être rémunérés. Ces accords étant « rétroactif » depuis 2006, les vidéos d’Oldelaf sur sa chanson « Le café » tombent en plein dedans. Et bien pour cette chanson, et pour les millions de « vues » qu’elle a généré, la Sacem lui a envoyé un chèque de 26€. Et là, oui, il me dit s’être senti réellement insulté.
Je lui dit que je comprend. (Mon dieu que ça fait plaisir de voir un artiste aigri contre ceux qui prétendent les protéger…) Je le remercie pour tout. Il n’a pas encore terminé l’autographe. Il hésite encore une fraction de seconde, puis écrit Vive le téléchargement et signe.
Un Formidable respect du public
Quand je suis parti (avant la fin), celà faisait déjà trois heures qu’il était en notre compagnie. Pour discuter, plaisanter, signer des autographes, prendre la pose et le temps de répondre à nos questions.
Après la diffusion du DVD, il a pris sa guitare et a chanté ce que nous souhaitions qu’il chante. Pas une ou deux chansons, une petite dizaine. Il l’a fait de façon absolument magistrale, alors qu’il n’était pas tout à fait rétabli d’une opération des cordes vocales. Il chantait sans être payé. Par plaisir, mais surtout pour NOUS faire plaisir. Pas de pancartes « Interdit de filmer », pas de vigiles ou de contrôle d’aucune sorte. Je réalise que même les mails qui devaient servir de billets ne nous ont jamais été réclamés. En plus du CD et du DVD, nous avons eu droit à d’autres goodies, notamment deux livres contenant les paroles et les partitions de 32 de ses chansons. Le code source de sa musique 🙂
Voila ce qui devrait définir un artiste. Avoir un très grand talent (et c’est le cas d’Oldelaf) c’est bien. Mais, plus important encore, un artiste doit avoir le respect de son public et l’envie de lui faire plaisir. Sur ce point j’en connais beaucoup qui devraient le prendre en exemple…
Conclusion :
J’appréciais énormément le talent de l’artiste. Aujourd’hui ce n’est plus seulement pour le talent, mais pour l’homme lui même que j’ai un profond respect. Alors chapeau bas monsieur Delafosse. J’espère vraiment que vous pourrez continuer longtemps à vivre de votre art. Pour votre plaisir… Et pour le notre !
Joli petit article 🙂
Je ne connais pas beaucoup Oldelaf (enfin, juste les titres qui sont passés en boucle et que tout le monde connaît quoi). Son style ne me déplaît pas, mais j’avoue que j’ai jamais creusé.
Ce que tu décris est effectivement ce que devrait être un artiste. Il y a les artistes « hors circuit » qui évoluent dans le libre et les creative commons en luttant contre les majors, les artistes « sacem » qui ne pensent qu’au fric et qui se plaignent sans cesse, et les autres, ceux qui « font avec la sacem parce que bon, faut bien vivre » mais qui ne sont pas non plus heureux de la situation.
Je ne juge pas, parce qu’après tout, chacun est libre de ses idées. Mais un artiste, pour moi, c’est tout ce que tu as décris là : une personne sensible et sensée, qui partage sa passion. Qui partage, tout simplement.
Du coup, là, je vais aller creuser du côté d’Oldelaf et de sa musique, pour découvrir son univers, parce que tu m’as donné envie d’en savoir plus sur cet artiste 🙂 et quand bien même je n’accrocherai pas, chapeau bas. Et vive le téléchargement.
Un bon artiste, et un qui donne envie pour qu’on le soutienne (achat, etc…).
Oui pour tout, sauf pour « l’artiste qui fait plaisir à son public ». La spontanéité est amha une partie fondamentale de l’art. On ne crée pas pour séduire, ou alors ça devient purement commercial. Et ensuite, *si* ça plaît, alors ça se diffusera naturellement, et d’autant mieux avec Internet.
Le problème vient lorsqu’un chef-d’œuvre n’est pas reconnu, mais c’était déjà le cas avec l’ancien système (et même plus, puisq’il n’y avait pas ou peu de diffusion).
« La spontanéité est amha une partie fondamentale de l’art. On ne crée pas pour séduire, ou alors ça devient purement commercial. »
Méa culpa, tu as raison à 200%. Le terme « séduire » n’est donc pas totalement adapté. Un artiste peu vouloir interpeller, choquer, faire réagir, partager une passion ou sa vision de monde… Dans tous les cas, il doit tout de même ressentir le besoin de partager ses œuvres, sinon cela n’a plus beaucoup d’intérêt…
Après c’est un problème de dosage. Oldelaf le dit très bien dans une interview faite par ses fans (bonus du DVD). Il y a des titres (la tristitude…) qui sont un peu fait pour plaire à tout le monde, et d’autres qui sont beaucoup plus sérieux, beaucoup plus personnels, des chansons qui le touche d’avantage et qu’il veut « prendre le risque » de mettre aussi en avant. Si le public en vient à apprécier ce que l’artiste à envi de dire, et pas uniquement ce qu’il veut entendre, alors le pari est gagné.