FATAL

Je suis en ce moment dans une phase « jeu de rôles ». (Les vrais, sur papier). Cela fait 40 ans que ça existe, et c’est vraiment pas le choix qui manque. Astuce : Tapez « My RPG Collection » dans un moteur de recherche…

Récemment je cherchais un logiciel de cartographie pour créer des environnements utiles à mes campagnes, et je tombe sur ce blog. Je découvre alors qu’il existe un pavé de plus de 1000 pages, reconnu comme étant le pire jeu de rôle de tous les temps. Tellement « hardcore » que certains refusent d’en faire la critique, ou même qu’il soit simplement mentionné sur Wikipedia… Vous comprenez que ma curiosité à été un peu titillée…

Allons-y donc pour un aperçu de FATAL, sorti en 2004, brièvement vendu en format pdf et désormais uniquement disponible grâce aux sauvegardes que nous réalisons tous.

Un léger soucis dans le gameplay

La première chose qui choque quand on commence à feuilleter ce bouquin c’est la complexité des règles. Attention, c’est du lourd, du très, très lourd. 20 attributs (sans parler des valeurs dérivées), plus de 200 compétences. Vous voulez savoir à quelle vitesse peut se déplacer une créature volante ? Ca dépend de la force et de la direction du vent (oui, il y a des tables pour ça). Vous êtes un mage et vous prononcez une formule magique ? A quelle vitesse êtes vous capable de la prononcer ? Combien de mots par minutes ? Oui, il y a une statistique pour ça aussi. Mais si les règles « génériques » sont d’une complexité qui va bien au delà de l’absurde (les attributs sont calculés en lançant ((1D100 / 5) – 1), que dire de tout ce qui tourne autour du sexe. C’est dans ce domaine que l’auteur, un peu « mathématicien fou » sur les bords, se lâche véritablement. Des tableaux à n’en plus finir pour connaitre en détail la moindre partie de son anatomie, ce qui inclut bien sur les mensurations exactes de ses attributs génitaux. Je ne résiste pas à vous donner l’explication de la méthode de calcul employée :

fatal_size.PNG

Allez on se détend… Cette complexité ne concerne bien sur que la création du personnage… Non je déconne. En jeu c’est pire. Il y a les actions simples, comme au hasard sauter :

fatal_jump.PNG

Des actions plus compliquées, comme séduire une personne :

fatal_seduction.PNG

Et bien sur l’apothéose totale. Le test pour savoir si après une séance de jambe en l’air vous avez réussit à satisfaire votre partenaire. Prenez vos calculatrices, vous avez deux heures :

fatal_check.PNG

Des problèmes de fond

Accusé de racisme et de misogynie l’auteur à rapidement retiré tout ce qui concernait les premières accusations. Concernant les secondes en revanche… Note importante à destinations de mes ami(e)s féministes : NE LISEZ PAS ce livre. Vraiment.

J’ai relancé hier un vieux jeu vidéo (Arcanum) datant de 2001. J’ai trouvé rafraîchissant de constater qu’a l’époque (et contrairement aux jeux actuels donc), on s’autorisait à modifier légèrement les caractéristiques du personnage en fonction du sexe choisi. Les PJ féminins dans Arcanum sont très légèrement moins fortes et plus endurantes. (j’aurai plutôt augmenté l’intelligence ou la perception mais bon, c’est pas le sujet). Bien sur, le total global des points reste au final strictement identique. FATAL ne s’ennuie pas avec ce genre d’équilibrage. Les femmes sont 30% moins fortes et, globalement, tout est fait dans ce bouquin pour t’expliquer que si le hasard à fait de ton PJ une femme, et bien c’est juste pas de bol (et qu’il y a toutes les chances pour que ton PJ finisse rapidement en jouet sexuel pour les PJ mâles). Oups.

Le background inexistant

Les races décrites (elfes, nains..), l’usage de la magie etc, sont une copie conforme de n’importe quel univers Heroic Fantasy. Du pure AD&D donc. Pour le reste, ce sont des tables, des tables, et encore des tables. Acheter de l’équipement ? Oui bien sur… Une bougie ? Quelle taille en cm ? Parce qu’il y a plusieurs modèles et les prix sont pas les mêmes… Des sorts violant pour torturer ses victimes, des sorts d’entrave pour… à vous de voir, des philtres d’amour à ne plus savoir qu’en faire, des objets magiques (et/ou maudit) ayant généralement un rapport direct avec le sexe… Tout le reste est d’un classique quasiment soporifique.

Mais surtout le ton

Le concept de base, aurait probablement pu donner quelque chose de pas trop mal. L’idée d’un AD&D adulte (comprendre hyper sexualisé) avec tous les sortilèges et les objets magiques « rigolos » associés, moi je dis pourquoi pas.(il existe déjà Bloodlust Metal, mais la magie est limitée aux armes dieu). Mais un tel jeu devra absolument être FUN. fun à jouer, fun à lire, fun dans le ton employé. Or ce livre est, au contraire, tout ce qu’il y a de plus trash. Mention spéciale aux tableaux des pages 51 et 52, que je n’ose pas reproduire ici, et qui décrivent en détail combien on peut insérer de doigts dans les différents orifices d’un individu, en fonction de sa race, de son age etc. (Et, bien sur, les moyens de calculer la résistance des parties concernées). Trash je vous dit.

Sur 1000 pages, il y a rien à sauver ?

Je ne jouerai jamais à FATAL. Personne ne jouera jamais à ce jeu (certains ont quand même essayé). Mais le pdf pourrait servir un jour. Je m’explique. Vous chercher une idée pour un prénom d’elfe ou de troll ? Il y a forcément une table pour ça. Des idées d’ingrédients chelou pour un culte satanique ? Lancez un D1000 (non je me suis pas trompé d’un zéro) et consultez la table. En manque d’inspiration pour des dérangements mentaux extrêmes (et généralement très pervers) ? Tout est dans ce bouquin. Vous voulez un PNJ avec un métier qui change un peu de l’ordinaire ? (Pas aubergiste ou forgeron quoi) Il y a plus de 150 pages juste pour lister des professions toutes plus inutiles les unes que les autres. (inutiles pour un PJ, mais pour un PNJ pourquoi pas). Bref, bon nombre de tables (D100 et surtout D1000) dans ce bouquin pourraient être utiles un jour à un MJ en manque d’inspiration.

Conclusion

Pour la petite histoire, certains regrettent maintenant d’avoir été aussi violent avec l’auteur à l’époque (auteur dont les réactions n’arrangeaient pas les choses…) Une fois encore, personne ne devrait jamais oublier la sacro-sainte liberté d’expression. Si un livre ne vous plait pas, ne le lisez pas, c’est aussi simple que ça.

Voila. Je vous parlerai surement d’autres JDR « obscures » mais beaucoup plus jouables, et beaucoup plus fun, promis 🙂

6 commentaires

  1. Alda Marteau-Hardi Répondre

    « Une fois encore, personne ne devrait jamais oublier la sacrosainte liberté d’expression. Si un livre ne vous plait pas, ne le lisez pas, c’est aussi simple que ça. »

    Quid de la liberté d’expression de celle/celui qui a des critiques à exprimer ?

  2. hoper Répondre

    @Alda Marteau-Hardi :

    Je n’ai jamais suggéré que la liberté d’expression s’opposait au droit à la critique ! Au contraire, la critique (surtout quand elle est massive) est la seule chose qui devrait s’opposer à un contenu quel qu’il soit.

    Donc, « ne jamais oublier la liberté d’expression » est synonyme de « N’allez surtout jamais interdire un livre, et n’empêchez jamais personne de parler d’un livre ». (Ce qui était presque le cas pour ce bouquin, voir mes exemples en début de billet ou je montre que certains voulaient le bannir de wikipedia etc).

    @Pearltrees

    1) Ton IP était déjà blacklistée pour cause de spam. Je transforme tes retroliens en commentaires, en supprimant les liens qui ressemblent plus à de la pub pour ton site.

    2) « Fondamentalement mal » !? Je ne comprend pas.

    L’acte de tuer un autre être humain, d’accord. Je comprendrai qu’on puisse conclure que c’est « fondamentalement mal ». Mais écrire un livre quel qu’il soit ? Écrire ses fantasmes ? S’amuser à les mettre en équation ? Ou est le mal exactement ? Si un écrivain s’amusait à écrire un espèce de livre « maudit » avec la description précise de tout un tas de cérémonies sacrificielles, d’accouplement homme/bêtes ou je sais pas encore (je vois bien ça dans le cadre d’une campagne Chtullu ou ce genre de chose) ou est le « mal » ?  Tu peut ne pas aimer une œuvre, la trouver choquante ou je sais pas quoi. Mais tu ne peux pas décider qu’une œuvre décrivant un univers purement fictif est « fondamentalement mauvaise ». A la l’extrême limite, tu pourrai éventuellement tenir ce discours à propos de livres religieux (bible, coran…) si ces livres incite des personnes à en blesser d’autres. Et encore. Chacun à le droit de croire en ce qu’il veut, y compris qu’il y a un dieu ou un paradis, et que pour s’y rendre il faut convaincre les « infidèles » à grand coup de fourche dans le cul. A partir du moment ou il a le droit d’y croire, pourquoi ne pas lui laisser le droit de l’écrire ?

  3. Pearltrees Répondre

    Drôle… un peu flippant… un peu triste aussi, 1000pages de tables sur les déviances sexuelles, ca sent la solitude ……

    Pas que sur la déviance sexuelle, apparemment y a moults tables dérangées mais totalement chastes (les tables de tests de vol en fonction de la direction et de la force du vent par exemple). Mais oui, c’est flippant et fondamentalement MAL….

  4. Alda Marteau-Hardi Répondre

    « Je n’ai jamais suggéré que la liberté d’expression s’opposait au droit à la critique ! Au contraire […] »

    Pourtant « S’il ne vous plait pas, ne le lisez pas. » Ok, on le lit pas, mais comment on le critique si on ne connait pas son contenu, comment même sait-on qu’on aime pas son contenu ?

    C’est une technique classique de silenciation: Dès que quelqu’un critique une chose qu’il n’a pas aimé, on lui rétorque « Ben t’avais pas qu’à lire/regarder/écouter, arrêtes de faire chier. »

    Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire pour ne surtout pas perturber les choses.

    Bref, c’est à mon sens un très très mauvais argument.

  5. hoper Répondre

    Encore une fois je n’interdit à personne de lire et/ou de critiquer.

    Simplement il faut tout de même conserver un peu de bon sens.
    Un livre « célèbre » pour un contenu particulier, tu ne va pas le critiquer juste pour ça, aucun intérêt. Si j’ouvre un bouquin nazi, je me doute bien qu’il fera pas l’apologie des noires ou je sais pas quoi. Imaginons que je sois vraiment choqué par l’homosexualité (ce n’est pas le cas, mais supposons). Lire un livre traitant du sujet, puis le descendre en flamme pour ce seul prétexte « Il est trop pourri ce livre, c’est grave, ça parle d’homosexualité », désolé mais la c’est moi qui devrait passer pour un con. Je le savais avant de l’ouvrir que ce bouquin allait aborder ce sujet. Si je n’ai pas envi de lire ce genre de chose, je ne les lis pas. Si je les lis, j’essaye de le faire avec un esprit ouvert et critique, mais critique dans le bon sens du terme.

    Pour en revenir à Fatal, une critique sans aucun autre argument que « c’est un RPG axé sur les déviances sexuelles et/ou les fantasmes de son auteur -> c’est trop naze/affreux/fondamentalement mal etc. » désolé mais je trouve ça franchement limité comme argumentaire.

    Donc oui, je rappel simplement que personne n’oblige qui que ce soit à lire ce livre (ou un autre), et que ceux qui le lisent le font en connaissance de cause. Ce qui n’interdit pas de le critiquer, ce que j’ai d’ailleurs fait tout au long de ce billet.

  6. clem-le-lu Répondre

    « Si un écrivain s’amusait à écrire un espèce de livre « maudit » avec la description précise de tout un tas de cérémonies sacrificielles, d’accouplement homme/bêtes ou je sais pas encore (je vois bien ça dans le cadre d’une campagne Chtullu ou ce genre de chose) ou est le « mal » ? »

    le marquis de sade par exemple …..
    enfin bonne chance pour le lire sans vomir ^_^

    clem toujours à la boure pour commenter

    tcha

    bises

    clem

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